Pastorale

J’ai tracé l’enclos de mes domaines rois

Et sur leurs champs et leurs bois

S’élève un pavillon de brume

Avec mes armoiries en filigrane

Du foisonnement multiple de mes terres

Je suis le maître

Et mieux qu’un empereur

Je défends mon empire

Ainsi es-tu

Qui bois à ma coupe

Et manges à mon fruit

Mon empire

Encore n’ai-je pas exploré

Tous tes recoins obscurs

Les angles profonds de tes bois centenaires

À l’allure de fantômes le soir

Quand le ciel est sans lueur ou presque

Les frissons angoissés de tes lacs ténébreux

Mais j’ai sondé ta lumière orange et bleue

Comme un secret entre nous deux,

Ta douce clarté de miel au crépuscule

Je me suis baigné dans tes sources claires

Jouant à cache-cache avec le soleil

Jonglant avec les cailloux

Je connais tous tes chemins fleuris

Tes colchiques tes genêts tes aubépines

Ta multitude flore

J’ai respiré tes parfums multicolores

Mêlé ma voix aux chœurs innombrables

De ton ciel

Car tu es paysage

Et je suis le temps

Qui déroule tes saisons

Y.B.

Filigrane (1989)

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